LPP et indépendants : comment protéger sa retraite quand on est freelance, frontalier ou à temps partiel ?
1. La situation particulière des indépendants en Suisse
Contrairement aux salariés, les indépendants et freelances ne sont pas soumis à l’obligation de cotiser à la LPP (prévoyance professionnelle, 2ᵉ pilier). Ils dépendent uniquement de :
- L’AVS/AI (1er pilier) : assurance vieillesse, survivants et invalidité, obligatoire, mais souvent insuffisante,
- la prévoyance individuelle (3ᵉ pilier) : principale alternative pour se constituer une retraite confortable.

- Adhésion volontaire à une caisse de pension : certains indépendants peuvent s’affilier à une institution de prévoyance (par ex. via une association professionnelle ou leur propre SA/Sàrl).
- 3ᵉ pilier A (lié) : déduction fiscale jusqu’à 7’056 CHF/an (2025) pour les personnes affiliées à une caisse de pension.
- 3ᵉ pilier A spécial indépendants : si pas de 2ᵉ pilier, déduction jusqu’à 20 % du revenu net, plafonné à 35’280 CHF/an (2025).
Exemple : un indépendant avec un revenu net annuel de 80’000 CHF peut déduire jusqu’à 16’000 CHF en 3ᵉ pilier lié.
2. LPP et travailleurs frontaliers
Les frontaliers (France, Allemagne, Italie) qui travaillent en Suisse sont soumis aux mêmes règles LPP que les salariés suisses :
- L’affiliation est obligatoire dès que le revenu dépasse 22’050 CHF/an (2025).
- Les cotisations sont prélevées directement sur le salaire (part employeur + part employé).
En cas de départ définitif de Suisse, ils peuvent en principe retirer leur avoir LPP (sous conditions, en particulier si installation dans un pays hors UE/AELE).
Attention : pour les frontaliers vers la France ou l’UE, seul le capital sur-obligatoire peut être retiré ; le capital obligatoire doit être transféré sur un compte de libre passage.
3. LPP et travail à temps partiel
Le temps partiel entraîne souvent des lacunes de prévoyance, car :
- Le salaire coordonné (base du calcul LPP) est réduit,
- Le seuil d’affiliation (22’050 CHF/an) n’est parfois pas atteint,
- Plusieurs petits emplois (pluriactivité) ne se cumulent pas automatiquement.
Exemple concret :
Employé 1 : 15’000 CHF/an → pas d’affiliation LPP
Employé 2 : 12’000 CHF/an → pas d’affiliation LPP
Résultat : 27’000 CHF de revenu annuel, mais aucun 2ᵉ pilier car les seuils sont pris séparément.
Solutions possibles
- Demander à l’employeur une affiliation volontaire (certaines caisses acceptent d’assurer dès le 1er franc de salaire).
- Ouvrir un 3ᵉ pilier lié pour combler les lacunes.
- Cotiser volontairement au 2ᵉ pilier si la caisse de pension le propose.
4. Particularités cantonales et conseils pratiques
Même si la LPP est une loi fédérale, certaines pratiques varient :
- Les cantons frontaliers (GE, VD, BS, TI) traitent régulièrement les cas de frontaliers et disposent de services d’information spécifiques.
- Certaines caisses cantonales offrent des solutions pour indépendants (ex. possibilité d’adhésion volontaire).
- Dans les cantons à forte proportion de temps partiel (Tessin, Vaud), les associations professionnelles mettent en avant le 3ᵉ pilier pour combler les lacunes.
Pour conclure : anticipez pour éviter les mauvaises surprises
Que vous soyez indépendant, freelance, frontalier ou salarié à temps partiel, la règle est la même : ne pas compter uniquement sur l’AVS.
Trois réflexes à adopter :
- Vérifier régulièrement vos cotisations et avoirs LPP (via l’institution de prévoyance ou la Centrale du 2ᵉ pilier).
- Comparer les solutions volontaires (adhésion à une caisse, 3ᵉ pilier lié, compte de libre passage).
- Planifier tôt, car chaque année sans cotisation crée un trou difficile à combler.
Pour en savoir plus : contactez-nous et nous étudierons votre situation pour vous proposer des solutions adaptée à votre profil.
FAQ – LPP pour indépendants, freelances, frontaliers et temps partiel
Un indépendant doit-il cotiser à la LPP en Suisse ?
Non, la LPP (2ᵉ pilier) est obligatoire uniquement pour les salariés. Les indépendants cotisent uniquement à l’AVS/AI (1er pilier). Ils peuvent toutefois s’affilier volontairement à une caisse de pension ou privilégier le 3ᵉ pilier pour compléter leur retraite.
Quelle est la meilleure solution de prévoyance pour un freelance ou indépendant ?
La plupart des indépendants optent pour le 3ᵉ pilier lié (3a), qui permet une déduction fiscale attractive. En 2025, la limite est de 20 % du revenu net (max. 35’280 CHF) si l’on n’est pas affilié au 2ᵉ pilier.
Comment fonctionne la LPP pour les frontaliers travaillant en Suisse ?
Les frontaliers cotisent à la LPP comme tout salarié suisse. En cas de départ, seule la part sur-obligatoire peut être retirée en cash pour les pays de l’UE/AELE. La part obligatoire est transférée sur un compte de libre passage en Suisse.
Que se passe-t-il si je travaille à temps partiel ?
Si votre revenu annuel est inférieur à 22’050 CHF (2025) par employeur, vous n’êtes pas affilié à la LPP. Cela peut générer des lacunes de prévoyance. Solution : négocier une affiliation volontaire ou ouvrir un 3ᵉ pilier lié pour compenser.
Peut-on regrouper plusieurs emplois à temps partiel pour accéder à la LPP ?
Non, le calcul se fait par employeur. Si chaque emploi est en dessous du seuil, aucun n’ouvre droit à la LPP, même si le total dépasse 22’050 CHF/an. Il faut alors trouver des solutions complémentaires (3ᵉ pilier ou caisse volontaire).